Vincent
Du Bois
Vincent Du Bois
La Galerie Air Project présente, les très belles œuvres du sculpteur suisse Vincent Du Bois. Sa passion du marbre vient de son héritage maternel italien, sculpteurs sur pierre depuis plusieurs générations. Cette mémoire du passé s’est également enrichie d’apports personnels acquis au cours de ses études de plasticien en Suisse, en Italie, et à Chicago, où il a obtenu un Master en sculpture. Ses récents travaux explorent l’immatériel en mettant en relation la matière et le numérique, ce qui relève bien sûr du paradoxe. A découvrir lors de l’exposition Navigation privée. Vincent Du Bois a remporté de nombreux prix en Suisse et à l’étranger et ses œuvres se retrouvent régulièrement dans les collections privées et publiques.
En opposant matière et numérique, Vincent Du Bois s’intéresse d’abord au rapport du toucher dans un monde où la vue est sur-sollicitée. Au cœur de ce processus se trouve le cerveau, notre premier outil de perception. Pour illustrer le paradoxe, les objets sculptés dans le marbre s’inspirent de l’esprit (crâne et cerveau). Les sujets sont repensés dans leur aspect formel et se rationalisent (cerveau ou crâne cubique) ou se dévoilent autrement (cerveau déplié). Portés par l’aspect tantôt cristallin, opaque ou translucide, les sculptures véhiculent de nouveaux messages qui ouvrent le débat au-delà de la représentation biologique. La boîte crânienne Navigation Privée sur laquelle est apposée un QR code, est en quelque sorte une ironie de ce que nous traversons avec le Big Data, à savoir la programmation de notre cerveau à cette évolution. A travers la révolution technologique contemporaine, le voile de la vie privée tombe, laissant la voie libre à une technologie reine. En jonglant avec la matière et la sphère numérique, l’artiste réussi le pari de confronter la technique antique et académique de la sculpture avec l’immatérialité de l’époque dans laquelle nous vivons.
Le concept qui a inspiré Cubicle brain ou To be or not to be, à savoir un cerveau carré qui a subi un nouveau formatage, forcé de s’adapter à l’évolution, tout en gardant les mêmes proportions qu’un vrai cerveau humain, en est le reflet. Le cerveau déplié Labyrinth se veut, quant à lui, à la fois l’expression biologique concrète de la toile de notre matière grise extirpée du crâne et le mystère d’un chemin encore à explorer. Via la qualité cristalline du marbre, la lumière se forge un passage à travers la matière, dévoilant un trésor de fragilité qui évoque les aspects précieux et fragile de la vie.
Une allusion aux vanités qui symbolisent allégoriquement, le passage du temps et de la vacuité des passions et activités humaines, très répandues au XVIIe siècle en Hollande. En opposition au côté creux du numérique où il n’y a plus de vie, le cerveau déployé témoigne d’un passage et d’une existence sur terre.
A partir de la technique antique de la sculpture sur marbre, Vincent Du Bois propose des œuvres contemporaines remplies de poésie. Cette nouvelle écriture de QR code, qui découle directement de l’évolution technologique que nous vivons, devient immortelle, ce seront les fossiles des générations futures. Ces codes sont construits sur un langage indéchiffrable pour l’esprit humain et que seuls les lecteurs numériques (QR code reader) peuvent lire. Le projet Navigation privée propose de transformer en objets tangibles ces mystérieux tableaux de signes en en faisant des bas-reliefs aux sens cachés. Ainsi ces grilles graphiques que sont les QR codes se transforment en sorte de labyrinthes taillés dans le marbre, un peu à la manière des tablettes d’argile qui sont à l’origine des premières écritures. Chaque bas-relief reprendra la composition originelle du vrai QR code duquel il s’inspire et chacun recèlera un mot ou une phrase typique du langage informatique. Ces extraits : navigation privée, vous n’avez plus assez de mémoire, j’accepte, Don’t be evil, délocalisés de leur contexte, prennent alors souvent un autre sens qui souligne le décalage entre le monde réel sensible et le monde virtuel dématérialisé. Par ailleurs, outre leur aspect mystérieux, proche d’une sorte d’archéologie futuriste, évoquant par exemple un langage perdu, ces objets s’adressent aux sens humains d’une façon plus complète et subtil que ne le font les QR codes informatiques. Au final, le graphisme bidimensionnel et strictement fonctionnel de nos ordinateurs, se transforme en véritables tabelles de la nouvelle religion numérique.
Big Data is the new religion